Fin mars, le site anglophone DirectorsOf.com a interviewé Jacques-Antoine Granjon, le fondateur et PDG de Vente-Privee.com. Dans cet entretien, il explique pourquoi son entreprise peut résister à la concurrence grandissante, pourquoi elle n’est pas à vendre, et pourquoi il ne passera pas le relais à ses enfants. Privea.fr vous livre ci-dessous une version traduite par nos soins.
Vente Privée a réalisé un CA de 1,3 milliard de dollars l’an dernier. Son succès a été fulgurant et par conséquent il n’est pas surprenant qu’un certain nombre d’entreprises à travers l’Europe aient tenté de reproduire cette réussite. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs connu leur propre succès. Alors que Jacques-Antoine est tout à fait conscient de l’augmentation du nombre d’acteurs sur le marché, il reste néanmoins imperturbable.
« Il y a beaucoup de concurrence », nous dit-il, « et la menace provient de sources variées. »
D’après lui, la première menace sont les concurrents qui font un mauvais travail. « Ils créent une offre qu’ils ne sont pas en mesure de supporter. Ils ont parfois levé des fonds privés et ont des marges plus faibles mais ils disparaitront. Si vous n’êtes pas bon, vous ne tenez pas plus de 3 ans » avance-t-il comme un fait.
La seconde menace, selon Jacques-Antoine, vient des concurrents qui font un bon travail : « Ils suivent notre modèle », dit-il, « et je respecte cette concurrence ».
La dernière et la plus préoccupante menace vient de grands groupes mondiaux comme eBay et Amazon, qui ont tous les deux récemment acheté des sites de ventes privées. « Ils voient le français faire et disent: ‘Oh, nous pouvons le faire’. Ils ont beaucoup d’argent et peuvent l’acheter ». Mais, selon lui, ce sont des entreprises B2C alors que Vente Privée est finalement une entreprise B2B, il n’est donc pas inquiet. « Ils n’ont tout simplement pas l’ADN des ventes privées », ajoute-t-il.
La plupart de la concurrence essaie initialement de rivaliser sur des marques en achetant la marchandise à des prix plus élevés qu’ils ne la vendent, mais « Si vous n’avez pas de marge, ça ne marchera pas. », dit-il, « Nous nous battons beaucoup avec des concurrents qui achètent à un prix plus élevé. Ils peuvent le faire un temps, mais pas à long terme. »
Au fil des années, Jacques-Antoine a eu de nombreuses opportunités de vente, mais cela n’a jamais été dans ses intentions, cela fait de lui quelqu’un de différent. « La plupart des autres sont des gars financiers qui pensent à court terme et qui veulent simplement créer et vendre. Moi, je veux créer et créer. »
« J’aurais pu vendre l’entreprise, mais ce n’était pas mon but », dit-il, « Pour moi, c’est une aventure. J’ai de l’argent pour vivre confortablement et en Europe, je peux être très heureux, mais il reste beaucoup à faire. »
L’objectif atteignable serait de 14 milliards de dollars de ventes, comme l’a révélé une interview donnée à La Tribune. Interrogé sur ce chiffre, Jacques-Antoine nous répond en faisant ainsi référence aux 1500 employés de Vente Privée : « J’ai lancé un défi à ma tribu. C’était plus un message pour nos salariés pour dire que nous avons d’énormes possibilités de grandir et de devenir une marque mondiale. C’est le défi. Nous faisons plus d’un milliard. Si nous sommes bons, nous pouvons développer l’entreprise, alors pourquoi pas 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires ? »
Avec 85% de son activité en France et des concurrents qui trouvent leur place ailleurs en Europe, Jacques-Antoine est optimiste sur l’installation progressive dans le reste de l’Europe et au Royaume-Uni, mais il reconnaît qu’il y a des défis.
« Le marché britannique est très intéressant mais il est difficile. 90% des gens qui achètent sur Internet achètent depuis Londres et ils sont habitués à la haute qualité avec de gros rabais disponibles rapidement. Nous devons donc avoir une très bonne offre au Royaume-Uni. »
Ainsi, Jacques-Antoine ne se précipite partout pour le moment. « Nous ne faisons pas de croissance pour la croissance », dit-il. « Oui, je souhaite me développer encore – si j’ai une croissance qui est bonne – mais la croissance n’est pas le principal objectif. Pour moi, le principal objectif, c’est la qualité du service et de l’offre. »
L’entreprise se développe quand même et cela le rend heureux mais il reste inflexible sur un point. Bien que ses enfants puissent en récolter les fruits aujourd’hui, l’entreprise appartient aux actionnaires et ne lui appartient pas. Même si il le pouvait, il ne leur passerai pas le témoin : « Je ne donnerai pas l’entreprise à mes enfants, ils feront leur propre chemin », dit-il avant d’ajouter « beaucoup trop d’argent tue l’imagination ».
Cependant, chez ce milliardaire fait lui même, rien ne témoigne d’un ralentissement. Il reconnaît que son travail est une grande partie de sa vie mais il reste excité par son entreprise, les gens qu’il rencontre et les endroits qu’il visite.
« Mes vies personnelles et professionnelles sont liées mais je ne pense pas que ce soit terrible », dit-il.
Article de Anna Krahn, publié le 22 mars dans DirectorsOf.com et traduit par Privea.fr
Consulter l’article original